MARC BERGEVIN

Du flair pour les bonnes affaires

À défaut d’avoir pu ajouter un ailier redoutable pour compléter son top 6, le directeur général Marc Bergevin continue de faire sa marque comme gestionnaire capable de flairer les bonnes affaires.

Certes, la saison est encore bien jeune, mais de la façon dont ils sont sortis des blocs de départ, les Torrey Mitchell, Dale Weise, Tomas Fleischmann et Devante Smith-Pelly peuvent tous espérer atteindre des sommets personnels en carrière pour le nombre de points.

Depuis la date limite des transactions du 2 mars dernier, Bergevin a complètement remodelé la profondeur de l’équipe en attaque en plus de retenir les services de Jeff Petry, qui a changé le visage de sa brigade défensive.

Ces joueurs n’ont pratiquement rien coûté au Tricolore. Petry a certes coûté un choix de deuxième tour – dont les Oilers d’Edmonton se sont ensuite servis pour mettre la main sur le gardien Cam Talbot – et un autre de quatrième tour, mais pour le reste, on parle de menue monnaie.

Fleischmann a été embauché comme joueur autonome, Paul Byron a été réclamé au ballottage, et c’est sans compter Mitchell qui, tout en constituant une sérieuse amélioration par rapport à Manny Malhotra l’an dernier, a coûté un choix de septième tour ainsi que l’obscur attaquant Jack Nevins. Qui ? Bien voilà.

CE QU’ILS ONT COÛTÉ

Joueur Salaire Acquisition

Jeff Petry 5,5 millions 2e + 4e choix

Brian Flynn 0,950 million 5e choix

Torrey Mitchell 1,2 million 7e choix + Jack Nevins

Alexander Semin 1,1 million joueur autonome

Tomas Fleischmann 0,750 million joueur autonome

Paul Byron 0,900 million ballottage

Même si l’on décide de reculer d’un an et d’inclure la transaction qui a amené Dale Weise à Montréal en retour de Raphael Diaz, on doit croire que Bergevin est devenu un spécialiste du « buy low ».

Il s’en trouvera toujours pour regretter le départ de Jiri Sekac, échangé aux Ducks d’Anaheim en retour de Smith-Pelly. Mais Bergevin cherchait un ingrédient différent à sa recette et, après des débuts difficiles, DSP lui donne ce qu’il recherchait. L’ailier de 24 ans est revenu beaucoup plus rapide cet automne, ce qui lui permet de suivre la cadence prônée par le Tricolore.

Parmi les autres nouveaux, Mitchell, Byron et Flynn sont tous trois de rapides patineurs. Ils donnent entre autres à l’infériorité numérique de bien meilleures jambes que ce qu’on avait à l’époque de Malhotra et Brandon Prust. Byron l’a démontré deux fois plutôt qu’une au cours des derniers matchs !

Seul le pari de Pierre-Alexandre Parenteau, obtenu en retour de Daniel Brière, s’est avéré un échec. Mais Bergevin s’est bien repris en utilisant les 2,6 millions économisés avec le rachat du contrat de Parenteau pour dénicher d’autres aubaines – à commencer par Fleischmann.

Quant à Alexander Semin, qui semble avoir du mal à suivre la vitesse de ses coéquipiers, il ne constitue pas un bien gros risque. L’expérience est mal partie, mais à 1,1 million pour une saison, il sera vite effacé des livres.

DEVANT DE GROSSES POINTURES

Il faut l’admettre, ça n’a pas été glorieux tous les soirs pour les troisième et quatrième trios. C’est normal. Le trio de David Desharnais a parfois donné beaucoup de tentatives de tir à l’adversaire et celui de Mitchell, de nombreuses chances de marquer. Mais le premier a su compenser par une production supérieure à l’unité d’Alex Galchenyuk tandis que le deuxième, même s’il a souvent été confronté à une opposition de qualité, a plié mais n’a pas rompu.

La production inattendue de ces deux trios donne lieu pour l’instant à quelques incongruités, comme celle de voir Mitchell (14e) et Weise (18e) parmi les 20 premiers joueurs de la LNH pour le nombre de points par tranche de 60 minutes d’utilisation.

Avec neuf chacun, ils ont plus de points que de grosses pointures comme Sidney Crosby, Steven Stamkos ou Jonathan Toews !

Quant à Fleischmann, qui s’annonce comme l’aubaine des aubaines, il a amassé 10 points en 13 matchs aux côtés de Desharnais. Il faut dire que le Québécois, qui démontre qu’il n’a pas besoin de Max Pacioretty pour produire, a été placé dans une position pour réussir.

INESPÉRÉ

Si l’on devait fondre les sept joueurs œuvrant au sein des troisième et quatrième trios en un seul attaquant, il gagnerait 1,3 million et produirait 22 buts et 50 points sur 82 matchs.

PRODUCTION INESPÉRÉE DES 3e ET 4e TRIOS

Joueur Salaire Fiche

David Desharnais 3,500 millions 3-9-12 points en 13 matchs

Torrey Mitchell 1,200 million 5-4-9 en 13 matchs

Dale Weise 1,025 million 6-3-9 en 13 matchs

Brian Flynn 0,950 million 1-2-3 en 13 matchs

Paul Byron 0,900 million 2-1-3 en 3 matchs

Devante Smith-Pelly 0,800 million 1-3-4 en 13 matchs

Tomas Fleischmann 0,750 million 4-6-10 en 13 matchs

Il convient ici de noter que ces joueurs, collectivement, ont marqué 22 buts sur seulement 130 tirs. Ça correspond à un taux de succès de 16,9 %. Pareil rythme ne peut pas durer.

Mais en attendant, imaginez le luxe que ça représente pour le Canadien d’obtenir ce genre de production alors que Galchenyuk et Lars Eller se cherchent toujours et que Pacioretty a été blanchi en quatre rencontres… ce qui n’est jamais arrivé la saison dernière.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.